Chapitre 9
La Connaissance Suprême et le
Grand Mystère
Le Suprême Seigneur dit : Je vais te révéler, à toi
qui ne t’adonnes pas à l’incrédulité, le plus profond secret de la connaissance
associé à l’expérience transcendantale. Connaissant cela, tu seras délivré des
misères de l’existence du mal. (9.01)
LA
CONNAISSANCE DE LA NATURE DU SUPRÊME EST LE GRAND MYSTÈRE
La connaissance du Soi est souveraine[1]
entre toutes les connaissances ; elle est le plus profond secret et
vraiment sacrée, pouvant être discernée par l’instinct, se conformant à la
justice (Dharma), est très facile à pratiquer, et éternelle.[2]
(9.02)
O Arjuna, ceux qui n’ont pas de foi en cette connaissance
ne M’atteignent pas, et suivent les cycles de naissance et de mort.[3]
(9.03)
Cet univers entier est une expansion de
Moi. Tous les êtres dépendent de Moi (comme une chaîne dépend de l’or, et les
produits laiteux du lait). Je ne dépends pas d’eux (car Je suis le plus grand de
tous).[4]
(Voir aussi 7.12) (9.04)
Vois la force de Mon divin
mystère ; en réalité, Je ne dépends pas d’eux - le protecteur et créateur
de tous les êtres –, et ils ne dépendent pas de Moi. (Au fait, la chaîne en or
ne dépend pas de l’or, malgré que la chaîne n’est autre que or. Aussi, la
matière et l’énergie sont distinctes autant que identiques). (Voir aussi BP
2.09.34 – 36) (9.05)
Comprends que tous les êtres sont en
Moi (sans contacte ou sans produire un effet quelconque), comme le vent
puissant, soufflant partout, demeurant éternellement dans l’espace.[5]
(9.06)
THÉORIE
DE L’ÉVOLUTION ET DE L’INVOLUTION
Tous les êtres s’établissent en Mon Adi Prakŗti[6]
(nature primaire matérielle) et à la fin d’un Kalpa (ou, un cycle de 4.32
billions d’années), O Arjuna, Je les crée à nouveau au commencement du prochain
Kalpa. (9.07)
Je crée la multitude entière des êtres à mainte et mainte
reprise avec l’aide de Ma Nature matérielle (Prakŗti ou Māyā).
C’est êtres se trouvent sous le contrôle des modes (Gunas) de la Nature
matérielle (Prakŗti). (9.08)
Les actes de la création ne Me lient pas, O Arjuna, car
Je reste indifférent et détaché de ces actes. (9.09)
L’énergie cinétique divine Māyā – avec l’aide
de la Nature matérielle (Prakŗti) – crée sous Ma supervision tous les objets
animés et inanimés, et par ce moyen la création poursuit sa ronde, O Arjuna.[7]
(Voir aussi 14.03) (9.10)
LES
VOIES DES SAGES ET DES IGNORANTS SONT DIFFÉRENTES
Les personnes ignorantes Me méprisent lorsque J’apparais
dans la forme humaine, ne connaissant pas Ma nature transcendantale comme le
grand Seigneur de tous les êtres (et Me considèrent comme le plus commun des mortels).
Car, vains sont leurs espoirs[8],
vains leurs actes, et vaine leur connaissance ; et, possèdent des
aptitudes affolantes (Tāmasika) (Voir 16.04-18) des démons cruels et
avides[9]
(et, ils sont incapables de Me reconnaître). (9.11-12)
Mais les grandes âmes, O Arjuna, qui possèdent des
qualités divines (Voir 16.01-03) Me connaissent comme L’immuable ; aussi
en tant que cause matérielle et efficace de la création, et M’adorent d’un
amour unique et entier. (9.13)
Les personnes de ferme détermination M’adorent avec
ardeur et persévérance dans la dévotion, en chantant sans cesse Mes gloires,
déterminées de M’atteindre, se prosternant devant Moi avec dévotion. (9.14)
Certains M’adorent par le sacrifice de la connaissance.
D’autres adorent l’Unique comme Celui qui est en tout (sans dualité), comme le
maître de tout (ou, dualité), et le multiple tourné dans toutes les directions.[10]
(9.15)
TOUT
EST LA MANIFESTATION DE L’ABSOLU
Je suis le rituel, Je suis le sacrifice, Je suis
l’offrande, Je suis l’herbe, Je suis le mantra, Je suis le beurre clarifié
(Ghī), Je suis le feu, et Je suis l’oblation. (Voir aussi 4.24). Je suis
le soutien de l’univers, le père, la mère, et le grand-père. Je suis l’objet de
la connaissance, le syllabe sacré OM, et aussi le Ŗg, le Yajur, et le
Sāma Véda. Je suis le but, le soutien, le Seigneur, le Témoin, la Demeure,
le Refuge, l’Ami, l’Origine, la Dissolution, la fondation du substrat, et la
semence immuable. (Voir aussi 7.10 et 10.39) (9.16-18)
Je dispense la chaleur, J’envoie et retiens la pluie. Je
suis l’immortalité autant que la mort, Je suis aussi l’Absolu (Sat ou
Akşara) et à la fois le temporel (Asat ou Kşara), O Arjuna. (Le
Suprême Être est devenu le tout, voir aussi 13.12)[11]
(9.19)
ATTEINT
LE SALUT PAR L’AMOUR DÉVOTIONNEL
Ceux qui accomplissent les rituels prescrits dans les
trois Védas, les buveurs du nectar de dévotion (Soma), et purifiés de leurs
péchés (fautes), M’adorent en faisant de bonnes actions (Yajna) pour aller au
ciel. Par leurs actes méritoires, il en résulte qu’ils vont au ciel et
jouissent des plaisirs des dieux. (9.20)
Ils retournent au monde des mortels, après avoir savouré le
vaste monde des jouissances célestes – après y avoir épuisé le bénéfice de leur
bon Karma (Punya). Conformément aux injonctions des trois Védas, ces personnes
travaillent aux fruits de leurs actions, et ils sont pris dans le cycle de la
naissance et de la mort.[12]
(Voir aussi 8.25) (9.21)
J’apporte personnellement tous bien
spirituel et matériel à ces dévots inébranlables qui se souviennent constamment
de Moi, et M’adorent dans une contemplation décidée.[13]
(9.22)
O Arjuna, même les dévots qui adorent les divinités avec
foi, rendent un culte à Moi, bien que d’une manière impropre. (9.23)
Car Je, le Suprême Être (Para-Brahman), suis le seul
bénéficiaire de tous les cultes sacrificiels (Yajna), et le Seigneur de
l’univers. Mais Mon peuple ne connaît pas Ma vraie nature transcendantale.
C’est pour cela qu’ils tombent (dans les cycles répétés de naissance et de
mort). (9.24)
Les adorateurs des régnants célestes (Devas) vont aux
Devas, ceux qui vénèrent les ancêtres vont aux ancêtres, et ceux qui adorent
les esprits vont aux esprits, mais Mes dévots viennent à Moi (et ne naissent
plus).[14]
(Voir aussi 8.16) (9.25)
LE
SEIGNEUR ACCEPTE ET MANGE L’OFFRANDE D’AMOUR ET DE DÉVOTION
Quiconque M’offre une feuille, une
fleur, un fruit, ou de l’eau avec dévotion ; J’accepte et mange cette
offrande de dévotion venant d’un cœur pur. (Voir aussi BP 10.81.04) (9.26)
O Arjuna, quoique tu fasses, quoique tu
manges, quoique to offres comme oblation au feu sacré, quoique charité tu
donnes, quelle que soit l’austérité que tu pratiques, accomplis tout en
offrande à Moi.[15]
(Voir aussi 12.10, 18.46) (9.27)
Tu seras libéré de l’enchaînement – bon ou mauvais – de
Karma par cette attitude de renonciation complète (Samnyāsa-yoga).
Devenant libre, tu parviendras à Moi.[16]
(9.28)
Le Moi est présent en tous les êtres et
ne favorise personne. Quant à Moi, nul n’est détestable ou cher. Mais, ceux qui
M’adorent avec amour et dévotion sont très proches de Moi, et Je suis très
proche d’eux.[17]
(Voir aussi 7.18) (9.29)
IL
N’Y A PAS DE PÉCHEUR IMPARDONNABLE
Même si le plus grand pécheur décide de
M’adorer avec une dévotion exclusive et par amour, il doit être considéré comme
un saint, ayant pris la résolution correcte.[18]
(9.30)
Une telle personne devient rapidement une âme juste et
atteint la paix éternelle. Tiens pour certain, O Arjuna, que Mon dévot ne
périra ni tombera jamais. (9.31)
LA
VOIE DE L’AMOUR DÉVOTIONNELLE EST PLUS FACILE
Quiconque – aussi les femmes, les marchants, les
ouvriers, et les malfaisants – sait atteindre la demeure suprême tout en se
livrant simplement à Ma volonté avec amour et dévotion, O Arjuna.[19]
(Voir aussi 18.66) (9.32)
Combien plus dès lors est-il facile pour les saints
brahmanes et les saints royaux pieux d’atteindre le Suprême Être. C’est
pourquoi, ayant obtenu cette vie humaine transitoire, emplie de tristesse, on
devrait M’adorer avec amour et dévotion.[20]
(9.33)
Fixe ton mental sur Moi, sois Mon dévot, adore-Moi, et
incline-toi devant Moi. Ainsi, uni à Moi en Me mettant comme dessein suprême et
seul refuge, tu M’atteindras certainement.[21]
(9.34)
Ainsi prend fin le neuvième chapitre intitulé «La Connaissance Suprême et le Grand Mystère» dans
les Upanişad de la Bhagavadgītā, l’écriture de yoga, touchant la
science de l’Absolu dans la forme du dialogue entre Srīkŗşna et
Arjuna.
[1] La sagesse, entre toutes les
sagesses, le secret entre tous les secrets.
[2] Nous tenons à notre disposition les moyens différents et complémentaires
d’obtenir la vérité, dont l’expansion intuitive et intellectuelle du mental.
Ainsi, il nous est loisible d’acquérir la sagesse, la connaissance, la
pénétration du réel et une profonde appréhension de la nature des choses. Les
philosophies religieuses démontrent que Dieu existe, mais que la connaissance
de Dieu est indirecte. Les grands mystiques proclament qu’ils ont perçu la
réalité de Dieu dans les profondeurs de leur âme et que leur connaissance est
directe. Cependant, pour que Dieu vienne produire ces touches d’union, il nous
convient de purifier le mental de toutes les jouissances du désir et des sens.
Le mental, étant donc transformé en Dieu, ne peut plus recevoir l’impression
des formes et des connaissances mondaines. Dans cet état, toutes les opérations
de la mémoire et autres puissances sont divinement transformées à la réalité du
Suprême Absolu. Dieu, en effet, les possède, comme le Maître absolu, par la
suite de la transformation en Lui. Désormais, Dieu nous meut et nous commande
divinement, suivant Son Suprême Être et Sa volonté. Celui qui s’unit au Suprême
Absolu ne fait qu’un avec Lui. Au fait, commençons de voir le Suprême Absolu
comme étant notre propre Moi, par notre mental développé, purifié à son
diapason.
[3] La connaissance suprême est
celle de l’identité de Kŗşna, le Seigneur incarné, avec Brahman, la
source de toute existence. Dans la dernière étape, le Samadhi, luira sur nous
(du dedans au dehors) si, dans la certitude de cette Divine Présence, nous
adorons l’Incarné. Le « Samadhi » dont l’autre nom est
« connaissance », c’est l’oubli de toute activité mentale en rendant
tout d’abord la pensée immuable, puis en identifiant la conscience au Seigneur.
La contemplation directe du Suprême Absolu cosmique est plus difficile. Les
humains sans foi qui refusent d’accepter la Vérité Une, n’obtiennent pas la
libération (Nirvāna), mais reviennent à la naissance.
[4] Pacifier le sanctuaire du
cœur devrait donc être notre soin principal, notre exercice journalier par la
méditation et les pratiques spirituelles de la Gîtâ, par exemple. La paix
profonde ne peut naître que par l’activité spirituelle intérieure. Quand
arrivera ce qui est parfait, la claire vision, la connaissance du Suprême
Absolu complètera l’œuvre divin en nous. La réalité suprême transcende de très
loin les choses qui sont dans l’espace et le temps, et qui sont qu’apparences.
[5] En un mot, ne perdez jamais
courage ; ne vous affligez pas quand vous serez dans l’abattement ;
recherchez la paix intérieure, car Dieu s’activera en votre âme lorsque le
calme y régnera. Chaque vertu est par elle-même paisible, douce et forte, et
produit dans l’âme qui la possède : la paix, la douceur et la force.
[6] Hors de Son action, ils
retournent en Son immobilité et Son silence.
[7] Le Suprême Être, fonctionnant à travers la Conscience Cosmique, est le
Créateur ; et, le même principe absolu s’exprimant à travers l’individu,
âme vivante, mentalement autant qu’intellectuellement, est le soi individuel,
l’ego (samsārin). L’ego est soumis à la loi de Karma et, en conséquence,
contraint malgré lui de prendre naissance dans la vie cosmique. En autres termes,
le Suprême Être, Se multiplie à travers la nature matérielle, pour provoquer à
nouveau la manifestation cosmique. La nature n’est autre que la manifestation
de l’énergie inférieure du Suprême Être. La loi du « Karma » est
incontournable : telle action, telle réaction. L’Éternel Être n’est motivé
ni par l’attachement, ni par l’aversion, quand Il anime le
« Prakŗti » (énergie créatrice) et projette la multitude des
êtres vivants. L’homme ne peut se comprendre que dans la mesure où, dépassant
son corps de constructions tangibles, n’est finalement définissable dans le
Suprême Être. Bien que le Suprême Être dirige la création et la dissolution
comme conscience et guide, Il n’est pas impliqué en elles, parce qu’Il dépasse
la procession des événements cosmiques. Comme la création est l’œuvre de la
nature qui appartient au Suprême Être (Dieu), Il doit être considéré comme
immanent en elle, et aussi sous son aspect pleinement cosmique. D’innombrables
individus naissent, croissent, agissent, souffrent, meurent et renaissent, mais
le Soi universel, le Suprême Être est à jamais libre. L’homme recueille le
fruit de ses actions, et il est lié par ses actes passés, mais le Suprême Être
est à jamais libre. Cette évolution qui commence à l’aurore cosmique pour être
réabsorbé à la nuit cosmique, qui finalement porte tous les vivants vers une
plus grande concentration, et par conséquent vers un psychisme toujours plus
développé. Au verset 10, Kŗşna est représenté
comme le Soi universel qui pénètre le crée et l’incréé, et soutient tous les
êtres, et pourtant les transcende et en même temps n’est pas affecté par eux.
Comment, dans ces conditions le Suprême Être, il y a environ cinq mille ans (le
Dieu Cosmique) s’incarna dans la personne du Seigneur Kŗşna, et trois
mille ans après dans le Christ pour notre adoration et libération. Le Suprême
Être est présent à Sa création, et il l’a maintient, et que les Seigneurs
Kŗşna, le Christ, et autres grands avatars, en s’incarnant, relient à
leur tour la création à son Créateur, le but royal de leur venue ici-bas. Le
Suprême Être considéré comme terme de l’évolution, de la création tout entière
du monde et de l’effort humain, à l’intérieur desquels Il agit depuis les
origines sans que Sa Présence puisse se dévoiler totalement. Nous ne voyons de
l’homme que son corps extérieur et non pas la Divinité en lui. Nous voyons
l’apparence extérieure, non la réalité intime. Et pourtant, ce qui fait et
classe l’homme d’aujourd’hui surtout, c’est d’être devenu capable de voir, non
seulement dans l’Espace et dans le Temps, autant que dans la Durée, ou dans
l’Espace-Temps, grâce au mental spiritualisé de l’homme. Ce qui affecte à ce
moment nos vies, c’est que le mental de l’homme a cessé d’être anti-matière,
extra-matière, pour devenir trans-matière. La spiritualité ne saurait
plus à nos yeux s’opérer en rupture, ni en discordance avec la matière, mais en
traversée et émergence de celle-ci. Ceci a un sens, si nous appliquons
l’attachement désintéressé, car reconnaître le Suprême Être sous son
déguisement terrestre exige un effort. Tant que nous ne tournerons pas notre
existence entière vers le Suprême Être, que nous ne franchirons pas les limites
de la Nature phénoménale pour retrouver la conscience universelle qui nous fait
vivre dans la Divine Présence, nous serons en proie à la fascination des choses
finies.
[8] Jugés d’après le critère
éternel et divin.
[9] C’est-à-dire « qu’ils tendent vers la nature des Asura et des Rakshasa » - une classe d’élémentaux mauvais ; selon
certains, ces hommes participaient « du caractère des constituants les
plus inférieurs de la nature ».
[10] Nous ne voyons de nos semblables que l’aspect extérieur et non pas la
Divinité en lui. Nous voyons l’apparence extérieure, non la réalité intérieure.
D’ailleurs la Bible dit : « Et l’Éternel dit à Samuel : Ne
prends point garde à son apparence et à la hauteur de sa taille, car je l’ai
rejeté. L’Éternel ne considère pas ce que l’homme considère ; l’homme
regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur. (1 Samuel
16.7). Reconnaître le Suprême Être sous son déguisement terrestre exige un
effort. Tant que nous ne tournerons pas notre être entier vers le Suprême Être,
nous serons en proie des choses finies, et spirituellement aveugles. Tout cela
nous prouve combien, dans la voie mystique et spirituelle, un guide tel que la
Gîtâ d’une part, et un gourou (maître spirituel) sérieux et désintéressé
d’autres part sont nécessaires. Si nous tenons notre nature divine et
intérieure éveillée, nous manifesterons notre vraie conscience de Soi, étant
donné que notre nature entière est tournée vers le Divin, pendant que toute
notre vie devient une adoration continue au Suprême Être. L’opinion d’autrui
gouverne la plupart des hommes, et leur jugement se base sur les idées fausses
que leur sens et leur imagination leur présentent. Le sage, le yogi ou dévot,
lui, n’établit son jugement que sur la Vérité Une, qui demeure en lui, et qui
fait qu’il entend tout, qu’il conçoit tout, qu’il pénètre tout, puisqu’il
s’élève au dessus de tout ce qui est, au dessus de lui-même.
[11] Le sacrifice Védique est interprété comme une offrande de tout notre
être, un don entier de soi au Soi Suprême et Universel. Ce que nous recevons de
Lui nous Lui rendons. La Bible dit : « Je vous exhorte donc, frères,
par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant,
saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. »
(Romains 12.1) Autrement parlant, quiconque est dévoué à la dévotion et au
service de Kŗşna doit être considéré comme ayant
accompli tous les sacrifices recommandés dans les Védas. La vérité du Suprême
Absolu est Sa sagesse qui commande tout l’ordre cosmique de la création et du
gouvernement de la Nature matérielle. Se consacrer à Lui, le Suprême Être, et
de L’aimer a des conséquences immenses pour notre vie et celle d’autrui.
(Encore ceci à ajouter, le culte des images peut seulement être employé comme
moyen d’approche vers le Divin, et pour nous faciliter l’idée de Sa Divine Présence.
Autrement, les effigies sont sans valeur.) Rien n’est plus propre à affirmer
notre foi et espérance que la conviction profondément gravée dans le yogi ou
dévot, nous tous, que rien n’est impossible au Suprême Absolu, et qu’Il exauce
nos prières, sous quelque forme que nous l’adorons. Durant ma vie entière, j’ai
appliqué ce que j’appelle la « Règle d’Or », qui se lit dans la
seconde partie de la Bible : « Cherchez premièrement le royaume et la
justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données
par-dessus. » (Matthieu 6.33) Méditez, adorez, contemplez, ainsi vous
demeurez en Sa Présence. Et, l’évangéliste ajoute : « Ne vous
inquiétez donc pas …. », au verset suivant. Le don de soi à Dieu signifie
Lui consacrer toutes ses actions et Lui offrir son mental. De même qu’un filet
d’huile, versé d’un récipient dans un autre, coule sans interruption, de même
le yogi ou dévot déverse toute sa vie en Dieu le Suprême Absolu (Être) ou
simplement « OM » (AUM). Il a une constante dévotion envers Lui sous
la forme OM (AUM) s’il ne peut accepter aucune autre forme.
[12] La vie dans ce monde est une occasion offerte pour développer la Nature
divine de l’âme à travers des instruments imparfaits.
[13] Le Suprême Être prend sur Lui les fardeaux et les soucis de ses yogis et
dévots. La méditation qui mène à la contemplation simple, pure, inspirée et
parfaite, est une révélation intime, par l’expérience que Dieu fait de
Lui-même, de Sa Bonté car Il est parfait, de Sa Paix et de Son Amour. Vous ne
saurez boire ce divin nectar si vous ne faites des progrès dans la vertu et le
renoncement, et si vous ne vous efforcez de rendre votre âme ferme dans la
paix, dans le silence, dans l’oubli et dans la solitude intérieure.
[14] Le Seigneur aime d’être aimé par Son dévot. Un cœur consacré Lui est
doux, loin des rituels compliqués, seule offrande qui est agréable à Dieu,
quant à la dispensation de Sa grâce. On devrait manger la nourriture après
l’avoir d’abord offerte à Dieu, « car nous te rendons grâce pour tous Tes
bienfaits Dieu tout-puissant ». A Son tour, le Seigneur mange la
nourriture offerte par ses dévots. Le mental est purifié lorsqu’on se nourrit
de la nourriture d’accueil offerte au Seigneur. Si pauvre que soit l’offrande,
elle est acceptable au Seigneur si elle est faite avec amour et sincérité. La
voie qui mène à l’Éternel Être ne passe pas par les subtilités de la
métaphysique ou des rituels compliqués, mais par le simple don de soi-même
symbolisé dans l’offrande d’une feuille, d’une fleur, d’un fruit ou même de
l’eau. Ce qui est indispensable, c’est l’adoration du cœur. Le sujet a été
traité longuement dans notre « Introduction à la Bhagavad Gîtâ »,
sous la rubrique « Prasâda ». La mémoire que nous gardons du Suprême Être en Sa faveur, et
que nous invoquons incite le Seigneur à avoir mémoire de nous. Il convient à
tout dévot de louer le Seigneur en tout lieu et en tout temps pour rappeler
toujours, comme il se doit, le souvenir de Ses bienfaits.
[15] La course à l’honneur est un
feu qui détruit tout yoga et austérité. La force illusoire de l’énergie divine
cinétique (Māyā) est terrible. Elle trahit tous, y compris les yogis,
sauf si tout se fait pour Dieu seul par le don de soi, et par la consécration
de tous les actes au Suprême Absolu. Les flots des tâches de chaque jour
doivent s’écouler à travers l’adoration de Dieu. L’amour de Dieu n’est pas une
évasion hors des peines de la vie, mais une consécration au service du
Très-Haut.
[16] Plus on est détaché de tout et recueilli en soi-même, plus on est en
état de comprendre sans effort ce qui est très élevé, car on reçoit alors du
ciel le don de l’intelligence. Un cœur pur, simple et constant dans le bien ne
se laisse pas dissiper par la variété des soins, et des occupations extérieures :
parce qu’en toutes choses, il n’envisage que la gloire du Suprême Être, sans se
rechercher soi-même. Un yogi ou dévot vertueux et fidèle au Seigneur règle
d’avance intérieurement les actions extérieures qu’il doit faire.
[17] Le Seigneur n’a ni ami ni
ennemi, car Il est impartial, et ne damne ou n’élit personne La seule voie pour
gagner Son amour est la foi et l’adoration. Pourquoi différer toujours dans
l’accomplissement des bonnes résolutions ? « Lève-toi et commence dès
maintenant ; dis-toi à toi-même : il est temps d’agir et de
combattre, voici le temps de se corriger. »
[18] Il y a des pécheurs et des
péchés qui sont impardonnables, mais le feu de la repentance sincère brûle tous
les péchés. Le Saint Coran dit : « Et celui qui croit en Allah et
accomplit de bonnes œuvres, il lui effacera ses mauvaises actions et le fera
entrer dans des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux où ils demeurent
éternellement. Voilà l’énorme succès ! (Sourate 64) Chaque saint a un
passé, et chaque pécheur à un avenir. Yogānanda dit : « Un saint
est un pécheur qui ne cède jamais. »
La Bible dit : « Quiconque croit en lui a la vie
éternelle. » (Jean 3.15) Des actes de prières jaculatoires (Japa),
d’austérité, de service et de charité accomplies sans motif intéressé savent
réparés les actes mauvais, ainsi l’obscurité s’évanouit à l’aurore. (MB
3207.57).
[19] La Gîtâ transcende toutes les distinctions de race, de sexe ou de caste,
et met l’accent sur les valeurs spirituelles. Son évangile d’amour est ouvert à
toute l’humanité, inclus les membres de toutes les castes, aussi bien qu’aux
hors-castes. Ce texte exprime l’opinion dominante au moment de la composition
de la Gîtâ, mais aujourd’hui aussi nous pouvons en tirer une leçon.
[20] Le verset 33, autrement
compris ; même ceux qui, en raison de leurs vies passées, souffrent
d’incapacités diverses et s’adonnent à des poursuites mondaines peuvent
surmonter leurs faiblesses et parvenir au Suprême Absolu. La voie est plus
facile pour ceux des Brahmanes et des sages royaux qui sont spirituellement
favorables.
[21] Dans la méditation directe sur le Soi, le yogi ou dévot médite sur les
grandes maximes qui enseignent la non-dualité comme « Tu es cela »
(Tat Twam Asi) et « Je suis Brahman » (Aham Brahmasmi). C’est la
forme la plus élevée de la méditation. Le mystique, le yogi ou le dévot doit
méditer attentivement sur son propre Soi qui, bien qu’invisible, est pourtant
la seule réalité ; et bien que manifeste dans l’univers extérieur est
pourtant de la nature de la conscience subjective. Le « Samadhi »,
c’est l’oubli de toute activité mentale en rendant tout d’abord la pensée immuable
puis en identifiant la conscience au Brahman.